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La plus jeune prisonnière politique marocaine a 21 ans

Nom: Ilham Hasnouni. Âge: 21 ans. Particularité: plus jeune prisonnière politique du Maroc.
Arrêtée le 12 octobre 2010 au domicile parental d’Essaouira sans mandat ni convocation prélable, elle va de nouveau comparaître devant le juge mardi 26 juillet pour répondre d’une vingtaine de chefs d’accusation, parmi lesquels responsabilité d’incendie, destruction des biens de l’Etat, rassemblement armé, humiliation d'un fonctionnaire durant l’exercice de ses fonctions, trouble à l’ordre public, etc.
 

«Elle n’est coupable de rien de tout ça», affirme son avocat Mohamed Messaoudi, connu pour avoir défendu de nombreux prisonniers politiques, auprès du quotidien espagnol El País. «Ils n’ont aucune preuve contre elle, à part le témoignage d’un policier qui dit l’avoir vue commettre des actes délictueux.»

 

Les faits incriminés remontent à mai 2008, alors qu’Ilham était étudiante en droit à l’université Cadi Ayyad de Marrakech. Une intoxication alimentaire causée par de la nourriture avariée servie à la cantine de l’établissement avait provoqué la colère des étudiants. C’est par dizaines qu’ils avaient manifesté dans la rue, exigeant que l’université leur rembourse les frais hospitaliers dépensés pour se soigner.

Membre de l’Union nationale des étudiants marocains (Unem), Ilham faisait partie du cortège. La répression des forces de l’ordre avait été immédiate: une vingtaine d’étudiants furent arrêtés, jugés et condamnés dans la foulée. Parmi eux, une jeune étudiante de gauche, Zahra Boudkour, âgée de 21 ans, détenue pendant trois jours au commissariat de Jamâa el-Fna. La journaliste marocaine Zineb El Razahoui a écrit à son propos sur le blog Solidarité Maroc:

 

«La foule de touristes ignore que sous ses pieds se trouve le lieu où Zahra Boudkour a subi des coups de barre de fer sur le crâne et les parties génitales, où elle a été déshabillée devant ses camarades mâles et gardée nue pendant trois jours alors qu’elle avait ses règles.»

 

La jeune fille, qui a finalement écopé de deux ans de prison, a été libérée en mai dernier.
Sa camarade Ilham a également subi des conditions de détention très difficiles à la prison de Jamâa el-Fna, durant les 48 heures qui ont précédé son passage devant le juge d’instruction. Elle en fait part dans un témoignage écrit depuis la prison de Boulmharez (Marrakech) où elle a ensuite été déplacée. El País raconte:

 

«Le dortoir rempli de détenues lui semblait un luxe comparé à "la cave humide et obscure" où elle dormait au commissariat entre deux interrogatoires. Quelquefois, les agents qui la cernaient "n’attendaient même pas les réponses aux questions […] Ils me frappaient et me donnaient des coups de pied jusqu’à ce que j’en perde connaissance […] Quand j’ai dû monter dans la voiture de police, j’avais le tournis tellement j’avais reçu de coups sur la tête, (en me faisant traiter) de traîtresse, fille de pute. »

 

Elle est restée deux jours sans boire ni manger, attachée à une chaise, subissant interrogatoire sur interrogatoire. Taieb Hasnouni, son père, a été choqué lorsqu’il l’a vue le 19 juillet dernier au tribunal pénal de Marrakech:

 

«J’ai eu du mal à la reconnaître. Elle a perdu beaucoup de poids […] Ses conditions de détention sont très difficiles, et Ilham est une grande lectrice, mais ils ne lui donnent ni livres, ni journaux, ni même papier pour écrire.»

Ilham est toujours détenue dans la prison de Boulemharez sans qu'aucun jugement n'ait été prononcé. Chacun de ses procès a été reporté, à l'exemple de celui prévu le 19 juillet dernier —un des avocats de l'accusation ne s'était pas présenté à l'audience.

Lu sur El País

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